Le mal qui vient, de Pierre-Henri Castel

Recension de: P.-H. CastelLe Mal qui vient. Essai hâtif sur la fin des temps, éditions du Cerf, 2018, 126 p.

La fin des temps n’a jamais été aussi proche. Plutôt que d’en subir les effets annonciateurs, pouvons-vous essayer de les penser ? Pierre-Henri Castel, dans ce bref essai philosophique aux allures de récit mythologique, invite le lecteur à explorer un scénario apocalyptique sur une fin des temps possible.

Faisant suite à deux écrits d’importance publiés récemment, « La psychanalyse, la culture et le Mal qui vient » et « La pulsion de mort vient du futur », cet essai prolonge une pensée qui s’interroge sur la fin, le mal, les pulsions de mort, la destruction. Si chacun peut envisager sans trop de mal, mais non sans angoisse – ou pour le moins sans inquiétude –, la fin de son existence propre, Castel nous invite à penser un futur proche où le déclin de l’humanité semble devoir s’imposer comme une issue inéluctable, sans pour autant être imminente. L’exploitation sans fin des ressources naturelles, la maltraitance que nos sociétés néolibérales imposent à l’infini aux corps et aux âmes poussées à une consommation effrénée d’objets à usage limité, les déplacements infiniment énergivores pour la jouissance du tourisme de masse, l’épuisement des ressources naturelles et alimentaires et leurs incidences sur des migrations écologiques forcées… Tous ces motifs (dont nous pourrions malheureusement continuer la liste à l’envi) semblent précipiter chaque jour un peu plus notre monde vers sa destruction radicale. Il ne s’agit pas de notre fin, il s’agit de « la » fin : la Fin Du Monde, nous dit Pierre-Henri Castel. Nous plongeons ainsi dans ce vécu pré-apocalyptique (le post-apocalyptique, constitué du néant, étant difficilement représentable) où l’auteur s’interroge sur ce que l’humain pourra produire, dans les temps précédent son déclin.

Notons que l’humain reste au cœur de ce scénario : l’idée que le règne animal puisse être préservé est évacuée. Tout doit disparaître : toute forme de vie, animale ou végétale, s’efface derrière le vécu absolu d’un anéantissement proche. La proposition d’esquisser une pensée du Mal qui vient et des temps qui précéderont la fin du monde se situe dans une expérience purement humaine, et spécifiquement mentale. Quand les temps de la fin arriveront, quelles seront-donc les pensées des derniers hommes et des dernières femmes ? La plupart des scénarios de films ou de romans de science fiction fondent leur trame sur le temps d’après : le temps d’après la catastrophe qui détruit presque tout, mais laisse néanmoins quelques-uns survivre à l’expérience (c’est la condition nécessaire à la constitution d’un récit). À rebours de ces fictions sur l’après, Pierre-Henri Castel entend s’interroger sur les temps justes avant.

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