De l’insécurité à la rencontre en institution pour adolescents

Transferts, rêveries et transformations

Paru dans la revue Cliniques, Érès, n°18, 2019

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« Le monde est un endroit dangereux, je me sens comme un animal heureux dans mon propre terrier – au sec et à l’abri ».
Virginia Woolf, Lettre à Vanessa Bells, 7 août 1908.

Être seul face à ses peurs en institution

Lorsqu’un adolescent arrive dans un établissement médico-social tel qu’un institut thérapeutique éducatif et pédagogique (ITEP), l’institution tout entière semble se refermer sur lui. Si la tâche primaire est celle de l’accueil et du soin, la vie collective dans les internats pour adolescents génère souvent un surcroît d’excitation, d’angoisses ou de débordements tant pulsionnels qu’émotionnels, par le seul fait de rassembler au quotidien autant de jeunes sujets souffrants, instables ou agités, en manque de repères éducatifs ou ayant vécu des traumatismes répétés.

Nouveau venu, se retrouvant seul entre ces murs, le jeune adolescent recherche un refuge. Si l’ITEP peut être un abri face au monde scolaire, social ou soignant dont il se trouve exclu, une fois admis en son sein, voilà qu’il lui faut s’armer d’une carapace d’attitudes forcées, se donner un genre ou un air de gros dur, pour éviter de trop se faire malmener. Certains choisiront de s’effacer, de se faire discret en se fondant dans le décor afin que tout observateur puisse à jamais les oublier, d’autres déploieront une vive agitation, usant parfois d’agressivité, afin de venir solliciter un lien à l’autre, dans une malhabile quête de considération.

Que ce soit par l’expression de l’excitation et de l’agitation ou par le repli et la discrétion, la tentation de rester caché, de rester terré à l’intérieur de soi est grande. S’ouvrir, prendre le risque de partager, revient aussi à rencontrer la menace du désaveu, de l’incompréhension ou du rejet.

Comment l’individu peut-il se constituer un espace d’intimité préservé des assauts du monde extérieur ? […]

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Résumé: En partant du sentiment d’insécurité que peuvent éprouver les adolescents accueillis en institution médico-sociale, l’auteur propose d’explorer, en appui sur une situation clinique, les craintes ressenties à rencontrer le thérapeute. La peur de rencontrer l’autre peut alors masquer la peur de se rencontrer soi-même, de rencontrer des pans refoulés de ses expériences vécues. L’auteur propose des modalités possibles pour explorer ces formes s’exprimant dans le transfert, qui peuvent se transformer par la mise en place d’une conarrativité en séance et du travail à plusieurs en institution.

Mots clés: Adolescent, Solitude, champ analytique, rêverie, co-narration, transformation

Plan de l’article

  • Être seul face à ses peurs en institution
  • Lina et ses peurs
  • Trouver-créer les conditions d’une rêverie partagée
  • La crainte de la séduction et la crainte d’être seul(e)
  • De la crainte de la rencontre de soi et de l’autre, à l’usage de l’autre pour se rencontrer
  • Partager l’intime et le travail à plusieurs en institution
  • Conclusion

Desveaux Jean-Baptiste, « De l’insécurité à la rencontre en institution pour adolescents. Transferts, rêveries et transformations », Cliniques, 2019/2 (N° 18), p. 140-155. DOI : 10.3917/clini.018.0140. URL : https://www.cairn.info/revue-cliniques-2019-2-page-140.htm