Une note de lecture vient de paraître dans le revue le Coq-héron: lire en ligne
Quatre variations sur les lieux, les espaces psychiques et la dimension de l’habiter permettent d’approfondir l’importance décisive du sentiment d’« être chez soi ».

Se sentir chez soi n’est pas anodin. Nous pouvons parcourir bien des lieux avant de rencontrer ce sentiment familier de nous sentir « à la maison », enveloppé dans notre territoire d’intimité. Sentiment complexe où toute angoisse est levée, où le sujet et son environnement sont presque confondus tant nous ressentons la possibilité de nous lover dans ce cocon familier. Le lieu à soi, l’heimlich, le familier, semble comme avoir été formé de notre empreinte corporelle : tout alors y est potentiellement volupté.
Si l’habiter n’est pas un concept proprement psychanalytique, Vue sur mer ne se prive pas d’en explorer les enjeux, offrant un renouvellement des apports métaphysiques et phénoménologiques sur le thème. Isée Bernateau nous propose, dans cet ouvrage au titre autant poétique qu’énigmatique, une exploration des vécus relatifs à l’« habiter » : une sorte de psychanalyse des lieux qui ne conduit pourtant jamais vers une métapsychologie des lieux. Et peut-être est-ce mieux ainsi, puisque ces explorations évitent de se limiter à une épistémologie dont la lecture univoque cloisonnerait la pensée. Pour effectuer cette exploration, Isée Bernateau s’accompagne de l’écrivain Georges Perec, du cinéaste Gus Van Sant ainsi que de tous ceux qui sont connus aux explorateurs de la philosophie des lieux dont, entre autres, Gaston Bachelard, Alberto Eiguer, Martin Heidegger. De cette « énigme pour la psychanalyse » qu’est la maison, Isée Bernateau nous dit qu’elle « ouvrirait l’homme à la dimension de l’espace comme espace organisable, non plus seulement comme espace à parcourir, mais espace à ordonner, à maîtriser »